dimanche 14 avril 2024

Vivre dans la lumière

 

1 Jean 1.5-2.2
5 Voici le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière et il n'y a aucune obscurité en lui.
6 Si nous prétendons être en communion avec lui, alors que nous vivons dans l'obscurité, nous sommes menteurs, nous n'agissons pas selon la vérité. 7 Mais si nous vivons dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière, alors nous sommes en communion les uns avec les autres. Et Jésus, son Fils qui a versé son sang, nous purifie de tout péché.
8 Si nous prétendons être sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. 9 Mais si nous reconnaissons nos péchés, nous pouvons avoir confiance en Dieu, car il est juste : il pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout mal.
10 Si nous prétendons que nous n'avons pas commis de péché, nous faisons de Dieu un menteur et sa parole n'est pas en nous.
1 Mes enfants, je vous écris ceci afin que vous ne commettiez pas de péché. Mais si l'on vient à en commettre, nous avons quelqu'un qui nous vient en aide auprès du Père : Jésus Christ, le juste. 2 Car Jésus Christ s'est offert en sacrifice pour le pardon de nos péchés, et non seulement les nôtres, mais aussi les péchés du monde entier.

L’affirmation fondamentale de ce passage se trouve à son début, au verset 5 : Dieu est lumière et il n'y a aucune obscurité en lui.  L’affirmation est massive et absolue. Les deux parties se répondent : la première est positive (Dieu est lumière), la seconde négative (il n’y a aucune obscurité en lui) pour exclure toute atténuation de la première. On pourrait dire : Dieu est lumière, et il l’est de façon absolue. Rien ne vient atténuer ne serait-ce qu’un tout petit peu sa lumière. La lumière, ici, évoque la perfection, la pureté, la sainteté absolue de Dieu. 

Quand vous entendez une telle affirmation, comment réagissez-vous ? On peut se sentir tout petit voire mal à l’aise. Parce que si Dieu est lumière et qu’il n’y a aucune obscurité en lui, ce n’est certainement pas le cas pour nous ! 

On peut difficilement dire que, dans tous les aspects de notre vie, jusqu’au plus profond de notre cœur, nous ne sommes que lumière… et qu’il n’y a aucune obscurité en nous ! On a tous nos zones d’ombres, qu’on essaye en général de cacher, pour que les autres ne s’en rendent pas compte… On a tous des parties de notre vie, des aspects de notre personnalité, des pensées et des intentions dont on n’est pas vraiment fiers ! 

Et si moi je suis loin de n’être que lumière, sans aucune obscurité, alors comment pourrais-je prétendre connaître, aimer et être aimé par un Dieu qui, lui, n’est que lumière, sans aucune obscurité ? La suite du passage semble aller dans ce sens. : « Si nous prétendons être en communion avec lui, alors que nous vivons dans l'obscurité, nous sommes menteurs, nous n'agissons pas selon la vérité. »

Aïe. Est-ce à dire qu’il faut que je règle d’abord tous mes problèmes, que je révèle mes zones d’ombres, que je laisse mes parts sombres être transformées et purifiées, bref que je n’ai plus aucune obscurité en moi avant de pouvoir prétendre à une quelconque communion avec Dieu ? 

Mais la suite va corriger cette impression. Le verset 7 déclare : « Mais si nous vivons dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière, alors nous sommes en communion les uns avec les autres. Et Jésus, son Fils qui a versé son sang, nous purifie de tout péché. »

Cette dernière affirmation change tout ! En effet, de qui Jean dit-il que Jésus les purifie de tout péché ? De ceux qui vivent dans la lumière ! Vivre dans la lumière ne signifie donc pas avoir une vie parfaite, sans aucun reproche, puisqu’il y a encore besoin d’être purifié de son péché. 

Que signifie donc « vivre dans la lumière » ?  


Vivre dans la lumière, c’est vivre dans la vérité 

Vivre dans la lumière, ce n’est pas vivre dans la perfection – c’est impossible ! – mais c’est vivre dans la vérité. Il est en effet beaucoup question de vérité et de mensonge dans notre passage. 

« Si nous prétendons être sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. » (v.8)

On pourrait dire que se croire sans péché est un péché ! C’est un mensonge que de prétendre que nous sommes sans péché. C’est même un double mensonge : contre nous-mêmes et contre Dieu. Jean ajoute en effet, au verset 10 :

« Si nous prétendons que nous n'avons pas commis de péché, nous faisons de Dieu un menteur et sa parole n'est pas en nous. » (v.10)

Vivre dans la vérité, c’est être lucide sur soi-même, ne pas se faire d’illusion. C’est une démarche d’humilité, une conscience de nos limites et de nos faiblesses. C’est compter sur Dieu pour mettre en lumière ce qui doit l’être dans notre vie, pour discerner ce qui est bon ou mauvais. 

Il y a là une mise en garde contre un orgueil spirituel, qui serait finalement du même ordre que celui qui nous est décrit dans le jardin d’Eden, lorsque le serpent met en doute la parole de Dieu et dit à Eve à propos de l’arbre qui est au centre du jardin : « Pas du tout, vous ne mourrez pas ! Mais Dieu le sait bien : dès que vous en aurez mangé, vous verrez les choses telles qu'elles sont, vous serez comme lui, capables de savoir ce qui est bon et ce qui est mauvais. » (Genèse 3.4-5)

En d’autres termes : Dieu vous a menti et vous pouvez très bien décider tout seul de ce qui est bon ou mauvais, vous pouvez vous débrouiller seul, vous passer de Dieu ! En cédant à la tentation du serpent, Eve, puis Adam, se sont trompés eux-mêmes et ont fait Dieu menteur. Exactement ce que Jean dit dans notre texte. 

Cela nous donne l’occasion de rappeler que le péché, d’un point de vue biblique, n’est pas d’abord une question morale mais spirituelle. Le péché, c’est tout ce qui nous éloigne de Dieu. En croyant pouvoir se passer de Dieu, Adam et Eve ont brisé leur communion avec leur Créateur. Ils se sont coupés de Dieu. 

Vivre dans la lumière, au contraire, c’est choisir de vivre dans la présence de Dieu. 


Vivre dans la lumière, c’est vivre avec Dieu

Être lucide sur soi-même ne doit pas pour autant nous conduire à baisser les bras. Il s’agit bien de s’efforcer de vivre avec Dieu. Mais il y a une tension inévitable que Jean exprime bien au début du chapitre 2 :

1 Jean 2.1-2
1 Mes enfants, je vous écris ceci afin que vous ne commettiez pas de péché. Mais si l'on vient à en commettre, nous avons quelqu'un qui nous vient en aide auprès du Père : Jésus Christ, le juste. 2 Car Jésus Christ s'est offert en sacrifice pour le pardon de nos péchés, et non seulement les nôtres, mais aussi les péchés du monde entier. 

Pour vivre avec Dieu, il s’agit bien, pour le croyant, de chercher à conformer sa vie à la volonté de Dieu : « je vous écrit ceci afin que vous ne commettiez pas de péché. » Mais il ne faut pas se faire d’illusion sur nous-mêmes. Même avec toute la bonne volonté du monde, le péché nous rejoint d’une manière ou d’une autre. Le Seigneur le sait, et il a tout prévu : « Mais si l'on vient à en commettre, nous avons quelqu'un qui nous vient en aide auprès du Père : Jésus Christ, le juste. »

Voilà la promesse de Dieu ! Il a pourvu à tout par Jésus-Christ. C’est lui qui a été juste pour nous ! Le Christ est là pour nous venir en aide. Le terme utilisé ici pour désigner le Christ est le même que Jésus a utilisé pour parler du Saint-Esprit, qui vient nous consoler, nous secourir, nous défendre. 

Par son Esprit, le Christ est là pour nous venir en aide. On peut vivre avec Dieu… parce que Dieu vit avec nous. 

Vivre dans la lumière, c’est donc vivre avec Dieu, vivre en sa présence. Et il est là, venant à notre aide, nous accordant sa grâce. La lumière de la présence de Dieu dans notre vie n’est pas inquisitrice mais libératrice, elle n’est pas là pour accuser mais pour pardonner.  « Si nous reconnaissons nos péchés, nous pouvons avoir confiance en Dieu, car il est juste : il pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout mal. » (v.9)

Ne nous inquiétons pas de la portée de la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ : elle est universelle. Le Christ s’est offert en sacrifice : le problème du péché est définitivement réglé. Et c’est le cas pour toutes celles et tous ceux qui viennent à lui. Comme l’affirme Jean, il s’agit du pardon de nos péchés « et non seulement les nôtres, mais aussi les péchés du monde entier. » (v.2) !


Conclusion

« Dieu est lumière et il n'y a aucune obscurité en lui. »

Ce qui pouvait être perçu, dans un premier temps, comme quelque chose d’intimidant voire d’inquiétant, est au contraire bienfaisant et réconfortant. La lumière absolue de Dieu n’est pas inquisitrice mais libératrice. 

Ce que Jean associe à la lumière de Dieu n’est pas le jugement mais le pardon, ce n’est pas la condamnation mais la grâce. C’est précisément ce qui nous permet d’être vrais devant Dieu, d’être nous-mêmes, tels que nous sommes, avec nos failles, nos faiblesses, nos imperfections… même notre péché. 

La lumière de Dieu est bienveillante. Dire qu’il n’y a aucune obscurité en Dieu, c’est dire aussi qu’il n’y a aucune malveillance en lui. 

Nous n’avons aucune crainte à avoir à nous exposer à la lumière de Dieu. Il connaît nos zones d’ombres, nous ne pouvons pas les lui cacher. Mais ça n’enlève rien à son amour pour nous et à ses promesses de grâce. Au contraire, par son Esprit, il veut toujours nous venir en aide. 

Vivre dans la lumière est une promesse, celle de pouvoir être soi-même devant Dieu, et de vivre avec lui, c’est-à-dire avec son aide.